Qui je suis… c’est une bonne question.
J’étais une petite fille, devenue adolescente avec ses failles, ses douleurs, ses croyances, ses idées sur la vie, la mort. Puis un jour, sans m’en apercevoir, je suis devenue femme…
… une femme amoureuse avec la rencontre avec mon homme de ma vie, un 7 avril 1994.
… une femme comblée avec l’arrivée de Thibaud le 5 mai 1996 puis celle d’Axelle le 12 octobre 1999.
… une maman heureuse et totalement épanouie.
Je me suis même parfois dit que c’était étrange d’être si heureuse. Je n’avais pas le sentiment qu’on était sur terre pour être oisifs et heureux…
Et en effet… 20 ans, jour pour jour, après la naissance d’Axelle, le bonheur s’en est allé.
Il suffit de quelques instants pour basculer dans le néant, la souffrance ultime. C’est ce qui se passe le samedi 12 octobre 2019… Axelle nous est envolée…
Axelle revient de Périgueux où elle est étudiante. Elle rentre à la maison. Elle a 20 ans ce jour-là. Nous projetons d’aller au restaurant tous les quatre, avec son père et son frère. Mais sur la route, un drôle d’oiseau en a décidé autrement. Un mal faisan la fait dévier de l’autoroute. A 120 km/h, elle perd le contrôle et s’envole avec l’oiseau fainéant.
Il n’y a pas de mots pour décrire le néant qui s’ensuit. Les psychiatres appellent cela la sidération. Moi, je nomme cet état la souffrance sans nom, la fin de ma vie d’avant. Car je sais déjà que rien ne sera jamais plus comme avant. Je sais que ma vie entame un tournant inimaginable. Et à vous qui me lisez, là, immédiatement, et qui vous trouvez peut-être dans cet état de sidération, j’ai envie de juste vous inviter à vivre vos émotions, à laisser s’écouler toutes les larmes de votre corps pour vous alléger et je vous invite à trouver ce que l’on appelle des “tuteurs de résilience”. Il peut s’agir des membres de votre famille, de vos amis, d’une personne de confiance, d’une activité aidante telle la lecture, l’écriture, le sport, la musique… tout ce qui peut faire soutien pour vous.
Ne restez pas seule et contactez une association : la nôtre ou une autre.
Aujourd’hui, je peux le dire : doucement la lumière peut être perçue à nouveau. C’est long, c’est un combat… On ne se bat pas pour que se produise un miracle. Même si les premiers mois, avouons-le, on est dans une forme de négociation avec l’invisible, prêt à tout pour qu’on nous le rende, notre enfant volé !
Mais n’a t-on vraiment rien à gagner tout de même en nous battant ? La lutte est-elle vaine ?
Car le vrai combat, c’est tout autre chose.
C’est déjà approcher la grande notion d’acceptation… pour être plus doux, c’est l’idée d’accueillir la situation telle qu’elle est, ici et maintenant.
C’est apprendre à vivre avec une souffrance qui ne dit pas son nom, une douleur indicible et sournoise dont personne ne veut vraiment parler.
C’est le combat de toute une vie.
C’est comment transformer le lien qui nous a toujours unis.
Comment rendre notre enfant présent dans l’absence sans être dans le déni.
Comment construire une vie « sans » mais toujours « avec ».
Comment accepter qui l’on devient sans renier qui l’on a été et s’ouvrir aux autres, ouvrir son cœur plus grand qu’il ne l’a jamais été.
Oui, un combat de toute une vie…
Axelle aimait les citations et elle nous a laissé beaucoup de petits messages sur un petit carnet gris dont cette jolie phrase de Prévert :
En partant, le bonheur m’a dit qu’il reviendrait.